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frein, à l’éperon, et lui apprendre à modérer, à utiliser des forces qu’il n’avait jusqu’alors employées que pour courir, que pour bondir à son caprice.

Rodolphe commença par déclarer à l’abbé qu’il ne se sentait aucune vocation pour l’étude, qu’il avait avant tout besoin d’exercer ses bras et ses jambes, de respirer l’air des champs, de courir les bois et les montagnes, un bon fusil et un bon cheval lui semblant d’ailleurs préférables aux plus beaux livres de la terre.

Le prêtre répondit à son élève qu’il n’y avait en effet rien de plus fastidieux que l’étude, mais que rien n’était plus grossier que les plaisirs qu’il préférait à l’étude, plaisirs parfaitement dignes d’un stupide fermier allemand… et l’abbé de faire un tableau si bouffon, si railleur, de cette existence simple et agreste, que, pour la première fois, Rodolphe fut honteux de s’être trouvé si heureux ; alors il demanda naïvement au prêtre à quoi l’on pouvait passer son temps, si l’on n’aimait ni l’étude, ni la chasse, ni la vie libre des champs.