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ment voulu s’assurer des dispositions du père. Celui-ci paraissait aimer si follement son fils Rodolphe, qu’un moment Sarah le crut capable de consentir à une mésalliance plutôt que de voir ce fils chéri éternellement malheureux. Mais bientôt l’Écossaise fut convaincue que ce père si tendre ne se départirait jamais de certains principes, de certaines idées sur les devoirs des princes.

Ce n’était pas de sa part orgueil ; c’était conscience, raison, dignité.

Or un homme de cette trempe énergique, d’autant plus affectueux et bon qu’il est plus ferme et plus fort, ne concède jamais rien de ce qui touche à sa conscience, à sa raison, à sa dignité.

Sarah fut sur le point de renoncer à son entreprise, en présence de ces obstacles presque insurmontables ; mais, réfléchissant que, par compensation, Rodolphe était très-jeune, qu’on vantait généralement sa douceur, sa bonté, son caractère à la fois timide et rêveur, elle crut le jeune prince faible, irrésolu ; elle persista donc dans son projet et dans ses espérances.