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Enfin, cédant à un irrésistible entraînement, elle arrive éplorée, agitée de mille craintes, jusqu’au seuil de cette maison… mais au moment de se perdre à jamais, la voix du devoir se fait entendre : elle échappe encore une fois au déshonneur.

Et pour qui brave-t-elle tant de honte, tant de dangers !

Rodolphe connaissait le monde et le cœur humain ; il préjugea presque sûrement le caractère du commandant, d’après quelques traits ébauchés par la portière avec une naïveté grossière.

N’était-ce pas un homme assez niaisement orgueilleux pour tirer vanité de l’appellation d’un grade absolument insignifiant au point de vue militaire ; un homme assez dénué de tact pour ne pas s’envelopper du plus profond incognito, afin d’entourer d’un mystère impénétrable les coupables démarches d’une femme qui risquait tout pour lui ; un homme enfin si sot et si ladre qu’il ne comprenait pas que pour ménager quelques louis il exposait sa maîtresse aux insolentes et ignobles railleries des gens de cette maison ?