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que la Louve, cette femme indomptable, a connu le repentir et désiré une vie honnête et laborieuse ? Va, crois-moi, mon enfant chérie, celle qui avait dominé la Louve et ses turbulentes compagnes par le seul ascendant de la bonté jointe à une rare élévation d’esprit, celle-là, quoique dans d’autres circonstances et dans une sphère tout opposée, devait par le même charme (n’allez pas sourire de ce rapprochement, mademoiselle), fasciner aussi l’altière archiduchesse Sophie et tout mon entourage ; car bons et méchants, grands et petits, subissent presque toujours l’influence des âmes supérieures… Je ne veux pas dire que tu sois née princesse dans l’acception aristocratique du mot, cela serait une pauvre flatterie à te faire, mon enfant… mais tu es de ce petit nombre d’êtres privilégiés qui sont nés pour dire à une reine ce qu’il faut pour la charmer et s’en faire aimer… et aussi pour dire à une pauvre créature, avilie et abandonnée, ce qu’il faut pour la rendre meilleure, la consoler et s’en faire adorer.