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de cette fraternité entre deux jeunes gens, surtout en songeant aux aveux que je vous fais ; mais plus ma cousine me témoignait de confiance et de familiarité, plus je m’observais, plus je me contraignais, de peur de voir cesser cette adorable familiarité. Et puis, ce qui augmentait encore ma réserve, c’est que la princesse mettait dans ses relations avec moi tant de franchise, tant de noble confiance, et surtout si peu de coquetterie, que je suis presque certain qu’elle a toujours ignoré ma violente passion. Il me reste un léger doute à ce sujet, à propos d’une circonstance que je vous raconterai tout à l’heure.

Si cette intimité fraternelle avait dû toujours durer, peut-être ce bonheur m’eût suffi ; mais par cela même que j’en jouissais avec délices, je songeais que bientôt mon service ou la nouvelle carrière que le prince m’engageait à parcourir m’appellerait à Vienne ou à l’étranger ; je songeais enfin que prochainement peut-être le grand-duc penserait à marier sa fille d’une manière digne d’elle…