— C’est cela, c’est cela, vous me comprenez — dit-elle avec un mouvement de gracieuse satisfaction ; — je craignais de mal expliquer ce que je ressentais tout à l’heure pendant cette mélodie si plaintive et si touchante.
— Grâce à Dieu, ma cousine — lui dis-je en souriant — vous n’avez aucune parole à mettre sur un air triste.
Soit que ma question fût indiscrète et qu’elle voulût éviter d’y répondre, soit qu’elle ne l’eût pas entendue, tout-à-coup la princesse Amélie me dit en me montrant le grand-duc qui, donnant le bras à l’archiduchesse Sophie, traversait alors la galerie où l’on dansait :
— Mon cousin, voyez donc mon père, comme il est beau !… quel air noble et bon ! comme tous les regards le suivent avec sollicitude ! il me semble qu’on l’aime encore plus qu’on ne le révère…
— Ah ! — m’écriai-je — ce n’est pas seulement ici, au milieu de sa cour, qu’il est chéri !