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Il fallut cette circonstance pour que la princesse Amélie, sortant de sa rêverie, m’aperçût et me remarquât sans doute, car elle fit un léger mouvement de surprise et rougit.

Elle avait vu mon portrait à l’abbaye, chez ma tante, elle me reconnaissait, rien de plus simple. La princesse m’avait à peine regardé pendant une seconde, mais ce regard me fit éprouver une commotion violente, profonde ; je sentis mes joues en feu, je baissai les yeux et je restai quelques minutes sans oser les lever de nouveau sur la princesse… Lorsque je m’y hasardai, elle causait tout bas avec l’archiduchesse Sophie, qui semblait l’écouter avec le plus affectueux intérêt.

Liszt ayant mis un intervalle de quelques minutes entre les deux morceaux qu’il devait jouer, le grand-duc profita de ce moment pour lui exprimer son admiration de la manière la plus gracieuse. Le prince, revenant à sa place, m’aperçut, me fit un signe de tête rempli de bienveillance, et dit quelques mots