« Et pourtant ne serait-il donc pas juste, moral, humain, que les places de Bicêtre et celles d’autres établissements semblables appartinssent de droit à des artisans choisis parmi ceux qui justifieraient de la meilleure conduite et de la plus grande infortune ? »
En France, on ne sait ce qu’est la charité. Par-ci par-là, au milieu d’un bal, on trouvera bien à récolter une fastueuse aumône, mais on se borne là. Non que nous blâmions en rien cette façon de secourir !… Eh ! mon Dieu, sans le bal, au lieu d’une bourse pleine, on n’aurait à partager aux malheureux qu’une misérable somme. Quand la fête bourdonne, l’avarice a honte d’un refus, l’ostentation se déploie avec bonheur, l’amour prodigue son or pour un regard, le plaisir se laisse aller, en disant : Bath ! il faut que tout le monde soit heureux de cette soirée ! Mais ce n’est là qu’une chose éphémère. On ne se doute pas que tous les jours les pauvres ont froid et faim, et qu’un bal par mois ne peut les faire vivre.
En Angleterre, à la bonne heure, les malheureux ont des hospices. Il existe particulièrement dans ce pays un établissement que nous voudrions voir fonder chez nous. C’est une sorte d’hôtellerie commune où les étrangers pauvres sont reçus et hébergés gratuitement pendant un jour. Cette ressource, si minime qu’elle paraisse, est d’un secours immense pour les pauvres voyageurs qui rencontrent gratuitement ainsi, d’étape en étape, ce qu’ils ne peuvent payer, le pain et le toit.
Sur notre demande, la loge maçonique de Jeanne d’Arc, à Orléans, doit établir dans son local deux lits à cet effet ; ainsi, les pauvres maçons pèlerins seront assurés de trouver pour rien dans notre ville une