qu’on suspend ses travaux, telles sont les pensées qui ont présidé à cette institution. »
Souvent il advient qu’un ouvrier brisé par un excès de travail, est forcé de s’aliter quelques jours ; d’autres fois, c’est une suspension de travaux qui le jette momentanément sur le pavé, et, dans les deux cas, le malheureux subit cette gêne qui engendre la misère par suite. C’est qu’aussi le salaire des travailleurs est si modique qu’ils ne peuvent mettre de côté que de très-petites sommes, et cela à de longs intervalles. Supposez l’un des deux événements dont nous venons de parler, et le minime fonds de réserve, les quelques écus grapillés, centime par centime, sur le prix de la journée, seront bien vite passés, soit chez le médecin, soit chez le boulanger, car, selon la maladie ou le manque d’ouvrage, il faut ou se guérir ou manger. Quand ses ressources sont épuisées l’ouvrier ne tarde pas à recourir aux emprunts, sa pauvreté ne lui permettant pas d’obtenir un long crédit. Le malheureux n’a pas accès chez les banquiers honnêtes, qui ne peuvent risquer leurs fonds, et il s’adresse aux usuriers, qui lui lâchent un prêt modique, pour un temps très-court et avec un intérêt qui varie de 20 à 100 p. 100. Cela peut paraître exagéré, mais, ces jours derniers, on jugeait à Paris un de ces infâmes prêteurs à la petite semaine et, entre autres délits, il était convaincu d’avoir prêté 50 fr. pour trois mois avec intérêt de 1 fr. 50 cent. par semaine. Nous ne connaissons pas la pénalité qui s’applique à l’usure ; mais elle a grand besoin aussi d’une réforme, si cet homme qui n’a été condamné qu’à trois mois de prison et à 400 fr. d’amende ne pouvait encourir un châtiment plus exemplaire. La traite des pauvres est aussi infâme, aussi ignoble, aussi inhumaine que celle des noirs, nous