pour la défense du roman, M. Sue est resté au-dessous de la vérité. La conduite de la Chouette est ignoble, c’est vrai ! mais combien elle serait plus ignoble encore si la hideuse compagne du Maître d’école était a mère de la Goualeuse !… Nous remercions M. Mongis de ses paroles, il y a du courage à venir, à la face d’un tribunal, défendre un ouvrage que MM. les gens du roi eussent bien désiré griffer.
Si maintenant, car il faut finir ce qu’on a commencé, on nous disait que M. Sue a eu tort de publier son livre dans un journal, nous répondrions qu’il n’est pas une des feuilles périodiques qui ne saisisse, avec avidité, l’occasion de remplir ses colonnes avec le récit des crimes qui viennent chaque jour se dénouer devant la justice ; ainsi tous les journaux ont parlé de l’héroïne du Glandier ; aucun n’a omis l’assassinat de M. de Marcellange ; et, certes, on peut écrire dans un feuilleton ce qu’on écrit dans un article cour d’assises, surtout quand le feuilleton, comme celui de M. Sue, indique le remède à côté du mal.
Dans sa huitième partie, l’auteur se sort de ces sublimes paroles du Christ : Aimons-nous les uns les autres ! pour dérouler un admirable système qui, mis en pratique, confondrait la fraternité et la charité, ces deux dogmes éternels du christianisme.
Oui ! l’établissement de la banque des travailleurs sans ouvrage est une noble et généreuse idée.
« Le fondateur, dit M. Sue, s’adresse d’abord aux ouvriers honnêtes, laborieux et chargés de famille, que le manque de travail réduit souvent à de cruelles extrémités. Ce n’est pas une aumône dégradante qu’il fait à ses frères, c’est un prêt gratuit qu’il leur offre. Puisse ce prêt, comme il l’espère, les empêcher souvent de grever indéfiniment leur avenir