délicat, plus décent et plus en rapport avec la condition sociale, la considération de ceux qui sont exposés à commettre ce… délit !… Car cela s’appelle délit !… crime serait aussi trop brutal.
» Ô comble de l’équité ! ô comble de la justice distributive ! Un serviteur vole un louis à son maître, un affamé brise un carreau pour voler un pain… Voilà des crimes ! Vite aux assises ! Un officier public dissipe ou détourne un million, c’est un abus de confiance… Un simple tribunal de police correctionnelle doit en connaître. »
Un officier public est à tous les yeux revêtu d’un caractère honorable ; un notaire, par exemple, dépositaire de la confiance et de la fortune de tous, a, non pas un métier à exercer, mais une mission à remplir. Pour lui, les familles n’ont point de secrets ; c’est à lui que le riche confie la dot de ses enfants, c’est dans sa caisse que le pauvre verse les petites économies qui vaudront du pain à sa vieillesse. Plus la confiance que l’officier public inspire est grande, plus il est coupable d’en abuser ; car « qu’est-ce donc qu’un abus de confiance, sinon un vol domestique, mille fois aggravé par ses conséquences effrayantes et par le caractère officiel de celui qui le commet ? En quoi un vol avec effraction est-il plus coupable qu’un vol avec abus de confiance ? Comment vous osez déclarer que la violation morale du serment de ne jamais forfaire à la confiance que la société est forcée d’avoir en vous, est moins criminelle que la violation matérielle d’une porte ? »
Ainsi, un misérable sans instruction, sans connaissance des lois, pressé parfois par la misère, est plus coupable en volant vingt francs que l’officier public, instruit et versé dans l’étude du code, qui emporte