le glaive du Brenn gaulois dans la balance romaine, et, quelque inscription qui soit gravée sur le socle, le pauvre n’y peut lire que celle-ci : Væ miseris !
En effet, « plaider devant les tribunaux civils entraîne des frais énormes et inaccessibles aux artisans qui vivent à grand’peine d’un salaire insuffisant. Pourtant, le pauvre n’a d’autre vie que la vie domestique ; la bonne ou mauvaise conduite d’un chef de famille d’artisans n’est pas seulement une question de moralité, c’est une question de pain. »
Par malheur, il se rencontre souvent qu’un ouvrier est fainéant, débauché ; quand il rentre dans son ménage, après une journée passée au cabaret, si le moindre reproche l’accueille à son arrivée, si la femme justement indignée, s’emporte contre lui, ivre de vin bleu, stupide, il la frappera en l’accablant des noms les plus orduriers. Et peut-être des enfants seront témoins de cette scène aussi hideuse qu’infâme. Parfois il se fera qu’il conduira sa concubine dans la seule chambre de la famille, et si, un jour, l’épouse légitime, lasse de ces tortures et de ces humiliations incessantes, emmène ses enfants pour les soustraire à de détestables exemples et à la misère que rendent inévitable la fainéantise et l’inconduite de son mari, l’une en ne produisant rien, l’autre en glanant jusqu’au dernier centime le chétif salaire que la mère amasse si péniblement, elle ne pourra trouver le calme qu’elle aura cherché. La loi est précise ; l’époux a le droit de se présenter dans son nouveau réduit, d’y commander en maître et de vendre jusqu’à la dernière nippe, jusqu’au berceau de ses enfants, ce que la loi qui saisit le débiteur ne peut pas faire.
« Eh bien ! lorsqu’aux douleurs de l’âme se joint