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statuaire, ce n’est pas le nu qui est indécent, c’est le retroussé ; il n’est qu’une Vénus réellement impudique, c’est la Vénus Callipyge. Mais, reprennent les autres, à quoi bon cette forme romanesque ? Eh ! qu’importe le costume de la vérité, si la vérité a la voix franche et le miroir fidèle ? Qu’importe qu’Hamlet, pour découvrir le mystère qui enveloppe la mort de son père, amène Claudius et Gertrude devant des bateleurs, si ces bateleurs jouent l’histoire de Gonzague et de Baptista, sanglante et terrible allusion, et si Claudius s’écrie pâle de terreur : Des flambeaux ! des flambeaux ! et s’enfuit, comme Pélopidas à la représentation des Troyennes d’Euripide ?

Mais nous voici bien éloigné de notre sujet, et nous y revenons, sûr d’avoir accompli un devoir en répondant, comme nous venons de le faire, à l’ignorance des uns, à la mauvaise foi des autres.

Après avoir conduit le lecteur à Saint-Lazare, prison des femmes, M. Eugène Sue l’amène à la Force, prison des hommes. Là, il examine la condition des détenus, leurs habitudes, et voici quelques-unes des réflexions dont il accompagne cette peinture remarquable :

« Qu’importe au condamné l’horreur qu’il inspire aux honnêtes gens ? Il ne les voit pas ! il n’en connaît pas… Ses crimes font sa gloire, son influence, sa force auprès des bandits au milieu desquels il passera désormais sa vie. Comment craindrait-il la honte ? Au lieu de graves et charitables remontrances qui pourraient le forcer à rougir et à se repentir du passé, il entend de farouches applaudissements qui l’encouragent au vol et au meurtre. »

M. Sue ne dit rien de trop ; oui, le condamné s’inquiète peu de l’opinion des honnêtes gens, parce qu’il