nête, un préjugé barbare fera rejaillir sur lui la flétrissure paternelle. En butte à une réprobation imméritée, à peine trouvera-t-il du travail. »
Sombre vérité ! il ne sera point assez pour l’enfant d’avoir pleuré en silence sur le crime et le châtiment du criminel, de s’être senti rougir toutes fois qu’un regard étranger l’aura frappé au visage, il lui faudra porter la peine de la faute paternelle. Honnête homme ou honnête fille, les orphelins seront toujours les enfants du galérien ou du guillotiné. Malgré le divin exemple que l’Écriture nous donne de ce châtiment héréditaire, contre toute raison, contre toute justice, nous maintiendrons, dussions-nous être plus blâmés encore, qu’il y a à la fois sottise et infamie à frapper la race entière pour la faute du chef, et Dieu ne serait ni juste ni grand s’il faisait payer aux hommes, depuis plus de cinq mille années, la désobéissance d’Adam. La société cependant agit ainsi : non-seulement les fils du coupable mangeront un pain amer et trempé de larmes ; mais ce pain, on ne leur permettra pas de le gagner à force de travail. Comme aux portes d’une ville assiégée et poussée à bout, on voit se presser les femmes, les enfants, les vieillards, que des époux, des pères et des fils ont chassés de leurs demeures, innocentes et faibles victimes, à ces titres deux fois respectables, les orphelins qu’ont faits le bagne et l’échafaud pleurent inutilement au seuil de la société et demandent en vain merci. On dirait presque que, renouvelant, au point de vue moral, une atrocité matérielle de Louis XI, la société a placé ces enfants sous l’échafaud paternel et, qu’après l’exécution, elle élargit autour de ces malheureux, humides d’un baptême de sang, un cercle de fer d’où ils ne peuvent sortir ; en vain, ils arrosent de leurs sueurs cette terre aride où