qui, dès l’enfance, ont laissé aux épines du mauvais exemple leur robe d’innocence ; quand la pudeur leur est connue, le vice ne l’a-t-il pas aux trois quarts étouffée ? Pitié, mon Dieu, pour celles qui pèchent ainsi : « Car l’ignorance et la misère conduisent souvent les classes pauvres à ces effrayantes dégradations humaines et sociales. » Cecy est vray, comme l’a dit Montaigne : l’ignorance est une de ces funestes causes qui conduisent à leur perte les filles du peuple. Le bien et le mal, s’ils leur sont connus, ne peuvent l’être que vaguement, et pourquoi la prostitution, avant de l’exercer, leur semblerait-elle un crime ?
« Comparez maintenant la dégradation volontaire d’une femme pieusement élevée, au milieu d’une famille aisée qui ne lui donne que de nobles exemples, et celle de la Louve à qui l’on montre la prostitution comme un état protégé par le gouvernement. Ce qui est vrai !… il y a un bureau où cela s’enregistre, se certifie et se paraphe ; un bureau où souvent la mère vient autoriser la prostitution de sa fille, le mari la prostitution de sa femme… cet endroit s’appelle le bureau des mœurs ! ne faut-il pas qu’une société ait un vice d’organisation bien profond, bien incurable à l’endroit des lois qui régissent la condition de l’homme et de la femme, pour que le pouvoir… le pouvoir…, cette grave et morale abstraction, soit obligé non-seulement de tolérer, mais de réglementer, mais de légaliser, mais de protéger, pour la rendre moins dangereuse, cette vente du corps et de l’âme qui, multipliée par les appétits effrénés d’une population immense, atteint chaque jour à un chiffre presque incommensurable. »
Après de telles réflexions, nous nous étonnerons