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tains feuilletons, vous remuez à plaisir la fange, mieux vaudrait la laisser stagnante. Que le ciel fasse paix aux aveugles ! Chaque jour, vous réclamez des droits et des institutions pour ceux que l’ignorance entraîne à l’ivrognerie, à la paresse et de là au mal ! Pourquoi remuez-vous cette lie ? Les prostituées sont heureuses de leur misérable et infâme condition, dites-vous, elles s’y complaisent ! Eh ! ceux-là aiment le cabaret et l’ivresse qu’ils en emportent ! Voyez-les, trouvez-vous traces de regrets sur ces visages avinés ? — Laissez-les donc ! Mais non, et vous faites bien ; seulement pourquoi parquer les femmes déchues, comme on parquait les Juifs au moyen âge et comme on le fait encore aujourd’hui à Rome, dans un quartier à part, en disant : Qu’elles fassent ce que bon leur semble, nous nous en lavons les mains. Songez donc que la prostitution réagit d’une manière funeste et terrible sur la classe que vous protégez ; songez qu’à son contact le peuple déchire ses bons instincts plus que partout ailleurs… alors n’anathématisez plus ceux qui veulent laver par le repentir ces malheureuses noyées dans la fange, car une fois retirées du vice elles n’y entraîneront plus personne.

« C’est rarement la passion de la débauche pour la débauche, mais le délaissement, mais le mauvais exemple, mais l’éducation perverse, mais surtout la faim qui conduisent tant de malheureuses à l’infamie, car les classes pauvres paient seules à la civilisation cet impôt de l’âme et du corps. »

Parfois même, ces misérables ont été corrompues dès leur naissance, car la pauvreté force à de dures et de tristes nécessités..

« Il est une foule de tanières où, enfants et adultes, filles et garçons, légitimes ou bâtards, gîtant pêle-