c’est le δαιμων de Pythagore, génie intermédiaire entre le ciel et la terre, entre le vice et la vertu !
À propos du chapitre qui nous a suggéré ces réflexions, un honorable de la gauche s’est élevé contre l’immoralité du roman de M. Sue ! nous réclamons instamment le nom de ce monsieur pour lui voter des remercîments civiques et une couronne de vestale. Grand homme !
Seulement, il aurait dû se rappeler qu’un journal gauchiste entretient une danseuse, acte peu criminel à nos yeux, surtout quand la danseuse est svelte et jolie ; celle dont il s’agit jouerait parfaitement le rôle d’un peuplier dans un ballet de saules pleureurs, comme l’a dit un de nos amis, mais, il faut l’avouer, acte plus immoral que cet enseignement profond donné par M. Sue aux heureux de ce monde, auxquels il rappelle qu’il est au dehors de leurs palais des vices à corriger et des misères à secourir.
À mesure que se grossit le livre, l’intérêt des masses grandit et les discussions se propagent ; on accuse l’auteur d’une impudique pitié à l’endroit des prostituées ; nous avouerons notre stupéfaction devant un tel reproche. Jésus-Christ défendit contre l’injure des siens Madeleine repentante et protégea la femme adultère contre les Pharisiens. Le pieux Zozime remit ses péchés à Marie, la courtisane d’Égypte, qui devint une sainte et devant le crâne de laquelle nous avons vu les jeunes filles de Dunkerque s’agenouiller et prier. Qui donc accusera le Nazaréen et le solitaire d’une impudique pitié ? Et cependant, s’écrient cer-