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arrive jusqu’à elles, et ces malheureuses béniront le ciel et elles feront tout pour quitter leur prison de vices et de misères.

Leur enfant est tout pour elles : « Ce petit être est le seul qui ne les méprise pas ; » invoquez-les en ce nom, soulevez le voile de l’avenir, faites qu’elles voient le sort réservé au fruit de leurs entrailles, et le blasphème ardent s’éteindra sur leurs lèvres, au milieu des larmes et des sanglots.

« Il n’y a pas de meilleures mères : rien ne leur coûte pour garder leur enfant auprès d’elles ; elles s’imposent, pour l’élever, les plus pénibles sacrifices… »

Elles-mêmes comprennent si bien le caractère sacré de la maternité que la Louve dit à propos de Mont-Saint-Jean :

« Elle est laide comme un monstre… mais elle est mère comme une autre. Si j’avais mes enfants à défendre… je serais bonne là… allez ! la Louve garderait bien ses louveteaux… des enfants de mon homme, ils seraient fièrement aimés, ceux-là… »

Voilà où gît l’immoralité, sans doute ?… une prostituée aimer son enfant ! infamie ! il y a des femmes du monde qui ne les aiment pas.

Hélas ! songez donc que ce petit être est le seul qui les aime en ce monde ; songez donc qu’elles n’ont de joie que par son sourire, de bonheur que par sa joie. Le mépris les environne, le dégoût les laisse dans la boue où elles sont tombées ; cette petite figure est la seule qui leur sourie, les vagissements de ces lèvres sont les seules paroles qui ne les atteignent pas, méchantes ou injurieuses, Ah ! laissez-leur l’amour maternel, aux filles folles de leur corps ; c’est le seul anneau qui les rattache à la grande chaîne de l’humanité,