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« Et ce n’est pas tout… sa fille !… pauvre petit ange innocent, est aussi flétrie en naissant… Ces douloureux et tristes aveux faisaient naître chez Rodolphe des réflexions amères.

» Telle est la loi de ce pays, se disait-il. Une jeune fille, belle et pure, loyale et confiante, victime d’une funeste dissimulation, unit sa destinée à celle d’un homme atteint d’une épouvantable maladie, héritage fatal qu’il doit transmettre à ses enfants. La malheureuse femme découvre cet horrible mystère ?… Que peut-elle ?… Rien… »

Si l’infortunée devient mère, si un enfant vient allumer en elle cet amour immense et profond pour la chair de sa chair et le sang de son sang, oh ! dites, qu’elle devra haïr l’homme qui lui aura rivé ce boulon ! En cherchant un sourire sur les lèvres roses ou dans les yeux bleus de son ange, elle verra la crise approcher, et le pauvre petit, comme son père, se débattra dans d’atroces convulsions. Devenu grand, quelle carrière possible avec cette affreuse maladie ? Comment rêver le bonheur domestique ? La douleur d’un côté et le remords de l’autre veilleraient à son foyer, de même qu’au foyer paternel. Et la mère voit tout cela dès le berceau, car l’avenir de l’enfant, c’est le beau rêve des mères. Pour elle, quelle écrasante réalité !!!

« Et cependant, dit M. Sue, il y a des lois. Ainsi achetez un animal quelconque ; qu’une infirmité prévue se déclare chez lui après l’emplette… la vente est nulle… la loi toute-puissante vient délier ce qui était lié.

» Cette loi si inexorable à l’endroit des animaux boitant, cornant ou toussant ; cette loi, si admirablement prévoyante, qui ne veut pas qu’un cheval taré soit apte à la reproduction… cette loi se gar-