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De ce passé cruel, dont le fardeau l’accable,
Ainsi que tu l’as dit, est-elle responsable ?
La justice d’un Dieu ferait-elle expier
Des fautes dont le cœur conserve l’innocence ?
Alors nous douterions de la toute-puissance ;
Nous voudrions la renier !…

Et quand donc, juste ciel, sera-t-elle tarie,
L’incessante douleur de ta Fleur-de-Marie ?
Elle nous désespère et nous met en courroux.
Eh ! que font ces remords, ces regards de l’ogresse,
Quand du titre de fille et du rang de princesse
Son cœur doit être si jaloux !

Pleine de confiance en ton heureuse étoile,
Aux vents de Gerolstein je dépliai ma voile ;
Et, qu’y vois-je ? partout des orages gronder !
Oui, j’ose murmurer… mais dépose ta foudre ;
Eugène, viens plutôt me sourire et m’absoudre
Par mon courage à te fronder !

J’exhale de nouveau ma voix mal contenue,
Quoi ! de Marie encor la plainte continue !
Et, dans ces mots de fer : Jamais !… jamais !… je crois
Entendre un réprouvé ; quand c’est le cri d’un ange
Que Dieu laissa tomber dans la terrestre fange,
Mais pour lui rendre tous ses droits.