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d’un quart de lieue de l’abbaye de Saint-Hermangilde, durant ce court trajet mille pensées m’assaillirent, toutes les puérilités dont j’avais été si occupé disparurent devant une idée grave, triste, presque menaçante… un invincible pressentiment m’annonçait une de ces crises qui dominent la vie tout entière, une sorte de révélation me disait que j’allais aimer… aimer passionnément, aimer comme on n’aime qu’une fois… et, pour comble de fatalité, cet amour aussi hautement que dignement placé devait être pour moi toujours malheureux.

Ces idées m’effrayèrent tellement, que je pris tout à coup la sage résolution de faire arrêter ma voiture, de revenir à l’abbaye et d’aller rejoindre mon père, laissant à ma tante le soin d’excuser mon brusque départ auprès du grand-duc…

Malheureusement une de ces causes vulgaires dont les effets sont quelquefois immenses, m’empêcha d’exécuter mon premier