De ton vol moins hardi. Dieu ! que ma muse est lasse !
Oui, j’ose l’avouer, quand ta main nous enlace,
On voudrait aux enfers s’élancer sur tes pas ;
Et, toujours altéré de ta sombre magie,
Même au prix de ses jours, vaincre une léthargie
Plus horrible que le trépas !
Mais auprès d’Amélie à cette heure je reste.
Hélas ! sur elle encor plane une ombre funeste.
À l’aspect de l’aurore empreinte de fraîcheur,
Des zéphyrs caressants, de la verte colline,
Se peut-il, ô mon Dieu ! que sa tête s’incline
Sous le poids de quelque malheur ?
Parle ! de ton chagrin raconte-nous les causes ;
Amélie, ange aimé, prends ce buisson de roses,
Prends donc cette moisson de présages heureux,
Et contemple en riant ton avenir prospère.
Amélie ! oh ! pour toi, pour nous et pour ton père
Chasse ces rêves douloureux !
Tu pleures !… et la joie en tous lieux te réclame.
Au lieu de sangloter, de nous torturer l’âme,
De garder les débris de ton petit rosier,
Fuis le spectre importun qui l’obsède sans cesse :
Le passé !… mais ton père, à force de tendresse,
À dù te le faire oublier.
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