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Qu’ils sont doux, ces accords où la voix est muette,
Dont l’admirable Liszt se pose l’interprète !
Mon cœur comme leur cœur d’ivresse est palpitant.
À cette mélodie, ineffable symbole,
la pensée alors devient une parole
Qu’on met sur l’air que l’on entend.

Mais, toi, dont tout le cœur pour le bonheur existe,
Tu n’as point de parole à chanter d’un air triste,
Amélie !… À ces mots quel poignant souvenir !…
Vous tous qui possédez une heureuse ignorance,
Des heures du passé, de notre belle France,
Oh ! cessez de l’entretenir.

Eugène, d’où vient donc que ta touche si mâle
Nous semble tout-à-coup et si froide et si pâle !
Que sont-ils devenus, tes sauvages transports,
Et tes élans de flamme, et ton fougueux génie ?
Ici ne sent-on pas que de la Germanie
Ta muse traverse les bords ?

Vers ceux que nous aimons encore un doux sourire :
Puis à tes cris sanglants je remonte ma lyre ;
Je revole planter mon drapeau dans tes camps.
Dans la sécurité comme l’âme s’altère !
Eugène, je te suis ; retournons sur la terre
Des tempêtes et des volcans.