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Marie, elle n’est pas de ces êtres futiles
Qui changent à tout vent de visage, de styles,
Dont la prospérité glace ou bronze les cœurs.
Si son front à la cour de splendeur se couronne,
L’entendez-vous, à ceux que la peine environne,
Dire : Mes amis et mes sœurs ?

Laissez-moi traverser ces pompeux équipages,
Ces lustres scintillants, ces phalanges de pages,
Ces immenses bassins où l’onde prend l’essor,
Ces frais buissons de fleurs, ces royales livrées,
Cet essaim de héros et de femmes parées,
Et ces lambris de pourpre et d’or !

Laissez-moi regarder ces courtisans sans nombre,
Egoïstes si fiers, qui passent comme l’ombre
Si le dieu d’aujourd’hui devient homme demain !
Laissez-moi circuler dans cette foule avide,
Redescendre en mon cœur, soupirer sur le vide
Des songes de l’esprit humain !

Ils m’ont enfin rendu la princesse Amélie,
Son œil plein de douceur et de mélancolie,
Son attrait idéal, son sourire charmant.
Voici le gros bouquet d’œillets blancs et de roses
Que sa royale main, aux gracieuses poses,
Effeuille machinalement.