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Chourineur, c’est à toi qu’ils devront l’existence.
J’attendais cet élan de ta noble constance.
Verrais-tu donc ici ton rêve s’accomplir ?…
Que ne puis-je émousser le poignard du Squelette !
Mais au monde il n’est rien que ton âme regrette ;
Pour Rodolphe, tu vas mourir !

Ce pauvre Chourineur que Rodolphe abandonne,
Qu’il me fait peine à voir ! Qu’importe qu’on lui donne
Des terres, du métal, du cœur et de l’honneur ?
S’immoler sans partage au profit de son maître,
À ses moindres désirs comme un chien se soumettre ;
Pour lui, jamais d’autre bonheur !

Rodolphe ! son regard veut te revoir encore,
Son bras cherche le tien ; il soupire, il t’implore…
Monseigneur, faites-lui l’honneur de votre main !
Rodolphe, quel moment ! ton Chourineur succombe !
Tente, pour l’arracher aux glaces de la tombe,
Oh ! tente un effort surhumain !

À cette heure, d’où vient que, pâle, épouvantée,
Marie à ton ogresse est encore jetée ?
Je souffre, je me meurs de son saisissement ;
Je la prends dans mes bras, je voile sa paupière :
Et je veux enlever de sa noble carrière
Tout lugubre pressentiment…