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Tout s’achève… À la porte un char léger s’arrête ;
Il revient de porter des heureux à la fête,
Pour traîner aujourd’hui deux femmes au trépas !
De ce monde, Seigneur, que les scènes sont vastes !
Quelle étrange ironie et quels frappants contrastes
Nous rencontrons à chaque pas !

Quelle sombre rumeur éclate dans la rue !
Vers l’échafaud dressé quelle foule se rue !
Chez ce peuple, mon Dieu ! quel féroce penchant !
Il ne vient pas ici pour épurer son âme,
Ni pour puiser l’horreur d’une pensée infâme,
Mais pour devenir plus méchant !

De la peine de mort ardent antagoniste,
Faut-il en ses erreurs que ton âme persiste,
Malgré notre raison, nos lois et notre vœu !
Créatures de Dieu, redit ton noble style !…
Mais le tigre affamé, mais le sanglant reptile
Sont des créatures de Dieu.

Quel serait notre sort si nos lois laissaient vivre
Le dangereux mortel qui de meurtres s’enivre ?
Va, ton aveuglement nous cause trop d’effroi :
Qu’on adopte plutôt l’exemple de l’Espagne,
Qu’un appareil utile et lugubre accompagne
L’holocauste offert à la loi !