Que j’aime à retrouver Germain et Rigolette
Avec cette candeur qui sur eux se reflète,
Et de tendres souhaits comblant leur bienfaiteur !
Que j’aime leur gaîté, leur pudique sourire,
Et ce coffre où mes yeux se plaisent à relire :
Travail, sagesse, amour, bonheur !
À l’amour, au bonheur le destin les convie
Puisque la gratitude est l’âme de leur vie.
Eux, loin de ressembler à ce troupeau d’ingrats
Qu’un service rendu trop souvent fait éclore,
Savent qu’un nom sauveur est un nom qu’on adore,
Et qu’on bénit jusqu’au trépas !
Eugène, se peut-il que le favoritisme,
Ce fils de notre orgueil et de notre égoïsme,
Soit de Bicêtre aussi le coupable habitant,
Et que le rang s’y donne aux puissantes menées ?
Oh ! ceci, comme à toi, comme aux âmes bien nées,
Me semble un abus révoltant !
Aujourd’hui les abus sont les rois de la terre ;
À leur aspect fléchit le front le plus austère.
Eugène, ralentis leur formidable essor :
Réveille dans nos cœurs l’espérance déçue,
De la justice enfin débarrasse l’issue ;
Ramène-nous le siècle d’or !
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