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Qu’ils affligent mon cœur, ces bizarres visages,
Ces sons incohérents et ces rires sauvages,
Ce repos bestial, ces transports continus !
Mais que j’aime chez eux ces signes magnétiques,
Ces progrès étonnants et ces pieux cantiques
Dont les mots leur sont inconnus !

N’est-ce point un bonheur d’avoir cette folie
Qui de l’urne des jours nous dérobe la lie ?…
Blasphème !… quand du mal l’inexorable assaut
Vient nous briser le sein, mortels, sachons nous dire :
Si des calamités notre monde est l’empire,
Un Dieu récompense là-haut !

En admiration là ma haine se change.
Au bienfaisant Herbin, oh ! mille fois louange !
Que son beau dévouement par Dieu lui soit compté,
Et ce calme où par lui de pauvres cœurs se bercent,
Et ces soins pleins d’amour, ces vertus qui s’exercent
Au seul nom de l’humanité !

Que j’aime ces zéphyrs, ces ondoyants feuillages,
Ces gazons émaillés, ce doux ciel sans nuages
Dont ta verve embellit l’asile des douleurs !
Sous ton vaste pinceau quel monde se rassemble !
Dis-moi : comment fais-tu pour marier ensemble
L’or, le sang, la fange et les fleurs ?