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Rodolphe, autour de toi quel vague bruit transpire ?
Quand la félicité va t’ouvrir son empire,
Qui donc fixe un nuage à ton front triomphant ?
Si l’amour te sourit, dans le ciel s’il te porte ;
Pourrais-tu regretter qu’elle ne fût pas morte,
Sarah, mère de ton enfant !

D’Harville, devant toi je demeure en extase :
Quoi ! d’un bonheur si pur tu renverses la base
Pour rattacher tes vœux au culte du devoir !
Quoi ! Rodolphe, animé par ton sublime exemple,
Au devoir à son tour veut élever un temple
Sur les ruines de l’espoir !

Ici l’âme s’oppresse, ici la voix soupire :
Ah ! livrez-vous, sans crainte, au plus tendre délire ;
Assez de jours mauvais assiègent nos destins.
Puis, par un prompt retour, fils de l’expérience,
On sent au fond du cœur que de la conscience
Naissent les dons les plus certains.

Un char impétueux s’envole dans l’espace.
Chez l’altière Sarah quelle scène se passe !
Pour elle mon pinceau manquerait de couleurs…
Ces larmes, ces remords et d’épouse et de mère,
Ces mots inachevés, cette agonie amère,
Nous abîment dans les douleurs !