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Marie, en ce palais avance donc sans crainte ;
Là, d’une heure sans nom soutiens la douce empreinte :
D’étonnement, de joie, oh ! ne va point mourir !
Puissent, trop chère enfant, puissent les destinées
Voiler par un amas de brillantes années
Les maux qu’elles t’ont fait souffrir !

Oserons-nous encor dire Fleur-de-Marie,
Te nommer de nos jours la compagne chérie,
Au jour où le destin vous place au rang des rois ?
Mais peux-tu ressembler aux riches de la veille
Qui détournent les yeux et qui ferment l’oreille
Aux simples amis d’autrefois ?

Rodolphe, calme-toi : ta fille t’est rendue.
Pauvre père ! ta fille, aux scélérats vendue,
Erra dans les égouts de la grande cité !
Ta fille, dans la fleur de sa frêle jeunesse,
Des bandits teints de sang, de l’horrible Borgnesse
Épuisa la brutalité !

Et tu ne sentais pas qu’une part de ta vie
Sous les maux les plus durs gémissait asservie !
Et son ombre le jour ne suivait pas ton char !
Et quand la nuit fermait ta paupière lassée
Son image flétrie à ta noble pensée
Ne rivait point un cauchemar !