Cette fille assoupie, oh ! d’où vient qu’on l’éveille ?
D’où vient que sur son flanc ils posent leur oreille ?…
Laissez la jonglerie à des gens sans aveu.
Tourmenteurs des humains, à mon tour je vous crie :
Redoutez d’exercer votre affreuse industrie
Sur des créatures de Dieu !
Que de plaintes encore en ce lieu de souffrances !
Que d’abus, que de maux dépouillés d’espérance !
Quittez, législateurs, le temple de l’orgueil ;
Placez les indigents sous vos tendres auspices,
Et qu’ils ne viennent plus faire dans les hospices
L’apprentissage du cercueil !
Et l’on peut se gorger de gloire, d’allégresse,
Lorsque tant de fléaux accablent la détresse !
L’écho de ces douleurs, l’abandon de ces morts,
Riche, de ton palais devraient brunir le faite ;
Ils devraient marier aux concerts de ta fête
Le cri foudroyant du remords !
Eugène, n’as-tu pas une part de louanges
À vouer à ces sœurs semblables à des anges ?
Oh ! moi, je m’agenouille à leur aspect touchant ;
Moi, je veux dépouiller ma frivole parure,
Déserter les plaisirs et me ceindre de bure
Pour suivre leur divin penchant.
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