Donne-leur pour savoir l’instinct de la nature,
Pour amour, pour orgueil, la pitié, la droiture.
Au lieu de s’étayer d’arrêts mal affermis,
De leurs termes obscurs, loin de faire parade,
Qu’ils se montrent enfin du pauvre, du malade,
Et les soutiens et les amis.
Parfois il en surgit, de ces hommes modestes
Qui semblent ici-bas des messagers célestes,
Qui jamais n’ont compté ni leurs soins, ni leurs pas :
Ceux-là, de mille vœux mon cœur les environne ;
Et ma main sur leurs fronts dépose une couronne
De fleurs qui ne se fanent pas !
Retournons contempler ces misérables couches ;
Recueillons les soupirs de ces livides bouches :
Mais dans cet air infect comment s’acclimater ?
Comment, dans sa mémoire, imprimer tant de plaintes ?
Comment voir au milieu de tant de choses saintes
La chair humaine s’exploiter ?
Docteur, moins d’égoïsme et plus de retenue.
La pitié souffre trop, la pudeur est trop nue !
Le malade n’a point de sexe, dites-vous ?
Docteur, vous blasphémez ; bonté à votre doctrine,
Tout ce qui sent un cœur battre dans sa poitrine
Vous briserait de son courroux !
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