Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.


On s’éloigne ! restons au chevet de la morte.
D’Esculape déjà l’impassible cohorte
Nous réclame un sujet ! Dieu ! qu’ils sont laids à voir,
Ces adeptes pareils aux chiens à la curée,
Qui veulent que des morts la dépouille sacrée
Soit l’élément de leur savoir !

Grâce de ce docteur dont tu nous représentes
La prunelle d’airain, les formes imposantes,
Le flegme glacial, le langage hautain.
Mais, non, dévoile-nous les secrets de cet homme
Qu’on appelle savant, et qu’avec toi je nomme
Le bourreau de notre destin !

Ramène notre siècle aux saines habitudes :
Dis-nous, dis-nous encor que ces graves études
Produisent beaucoup moins de clartés que d’erreurs,
Que la mort est souvent fruit d’une expérience ;
Que ces doctes mortels, princes de la science,
Ne sont que de grands imposteurs !

Ils ont beau nous livrer batailles sur batailles,
Explorer nos cerveaux, fouiller dans nos entrailles,
Nous farcir de poison, ou de glace ou de feu,
Nous dessécher de faim, nous tailler, nous pourfendre,
Épuiser notre sang : ils ne pourront surprendre
Un mot des mystères de Dieu.