parfaitement accueilli de lui, il m’était impossible de concevoir la moindre espérance de mariage avec la princesse, lors même qu’elle eût agréé mon amour, ce qui était plus qu’improbable. Notre famille tient honorablement à son rang, mais elle est pauvre, si on compare notre fortune aux immenses domaines du grand-duc, le prince le plus riche de la Confédération Germanique ; et puis enfin j’avais vingt et un ans à peine, j’étais simple capitaine aux gardes, sans renom, sans position personnelle ; jamais, en un mot, le grand-duc ne pouvait songer à moi pour sa fille.
Toutes ces réflexions auraient dû me préserver d’une passion que je n’éprouvais pas encore, mais dont j’avais pour ainsi dire le singulier pressentiment. Hélas ! je m’abandonnai au contraire à de nouvelles puérilités. Je portais au doigt une bague qui m’avait été autrefois donnée par Thécla (la bonne comtesse que vous connaissez) ; quoique ce gage d’un amour étourdi, facile et léger ne pût