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De ses tableaux charmants oublions les délices,
Pour franchir avec lui la porte des hospices,
Et voir combien nos maux revêtent de couleurs :
Lions notre pensée à ces vastes misères,
Et cachons, s’il se peut, les peines de nos frères
Sous nos bienfaits et sous nos pleurs.

Eugène, en ce moment qu’on t’épargne l’envie,
Ce venin que l’on jette à l’éclat de ta vie,
Ce pudique courroux trop souvent mérité !
C’est ici que tu plais, c’est ici que l’on t’aime ;
Eugène, c’est ici que ton noble système
Par tous les cœurs est adopté,

Approchons… dans ces lieux que de visages blêmes !
Quel oubli dévorant, quels funestes emblèmes !
Quels sanglots étouffés, quel silence profond !
Rien ne vient rassurer ces prunelles errantes,
Nul baiser ne se colle à ces lèvres mourantes,
À leur adieu rien ne répond !

Un prêtre, des flambeaux traversent le portique :
On parle, on vient, on fuit… pour qui ce viatique ?
D’où part ce long soupir ?… pourquoi ce drap jeté ?…
Ne pourrai-je revoir cette brillante actrice,
Dont le rôle achevé dans la terrestre lice,
Commence dans l’éternité !