Sarah ! ce n’est pas toi ! Sarah, honteux emblème
D’égoïsme, d’orgueil, reçois notre anathème !
Tu n’es plus notre sœur, ô femme de granit !
Nous détournons les yeux de ta froide présence ;
Nous te laissons mourir sans prendre ta défense
Contre l’époux qui te maudit !
Quel noir pressentiment en moi se réalise !
Pauvre père ! mon cœur avec le tien se brise.
Oh ! d’un reste d’espoir laisse-nous te bercer !
Pour toi brillent encor des images sereines.
Vains efforts ! ta douleur est au rang de ces peines
Que le temps ne peut émousser !
Quoi ! Rodolphe, chez qui tant de grandeur réside,
Il était criminel, il était parricide !
Pourquoi nous enlever un prisme ravissant ?
Pourquoi nous obscurcir cette divine étoile
Qui rassurait nos yeux, qui sauvait notre voile
Sur des flots de boue et de sang !
Rodolphe, sur ton front qui verserait le blâme ?…
Va, pour t’aimer encor, notre cœur te réclame :
Relève fièrement tes regards abattus ;
Et viens sur nos esprits ressaisir ton royaume.
Un jour d’égarement pèse-t-il un atome
Dans la balance des vertus ?