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Vois si la liberté n’est pas un mot factice,
La conscience un rêve, et si de la justice
La balance obéit au poids de l’équité :
Vois comme un nom déchu déguise ses naufrages,
Comme le candidat achète les suffrages
Qui le consacrent député !

Vois-tu ces magistrats créés pour notre exemple,
Ces ministres que l’œil comme un phare contemple,
S’unir aux passions des plus faibles mortels ?
Attaque ces abus qui par foule surgissent,
Ces nuances de rang, ces trafics qui se glissent
Jusqu’aux marches de nos autels !

Frappe ce parvenu qui d’or se creuse un fleuve
Des pleurs de l’orphelin, du denier de la veuve,
Qui met du vieil honneur les lambeaux à l’encan !
Flétris cet égoïsme où le monde s’enlace,
Dont l’aride contact transformerait en glace
Les flancs embrasés du volcan !

Honnis ces graves riens, ces préjugés sans nombre,
Ces traits qu’un bras ami nous décoche dans l’ombre,
Ces langues qui du glaive imitent le tranchant !
Deviens le bouclier des cœurs droits qui gémissent,
Des faibles opprimés, des justes qui périssent,
Noyés dans le fiel du méchant !