Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.


À l’aspect dégoûtant de cette affreuse arène
Je me cache les yeux, je retiens mon haleine :
Oh ! pour m’aider à fuir viens me tendre la main !
Puis défends aux bandits dont l’audace proteste
Contre notre justice et le courroux céleste,
De refroidir ce bon Germain !

De la peine de mort indomptable adversaire,
À ce monde pressé dans ton ardente serre,
Au lieu de l’échafaud qu’oses-tu proposer !…
Ton barbare dessein, ma pitié le renie :
Que dis-je ? ce décret émané du génie,
Serait-ce à moi de le peser ?

Cependant j’y reviens. Aveugler le coupable,
L’isoler, l’entourer d’un silence implacable,
L’enchaîner à l’ennui, le clouer au remords !
Oui, je crois, si l’enfer ne brise la sentence,
Qu’il vivra consumé de plus de repentance
Qu’en présence de mille morts !

Que la muse, à l’essor effroyable ou sublime,
S’élance dans le ciel, se roule dans l’abîme,
Elle sème partout des germes précieux ;
Que de sang, de parfums, sa verve nous inonde,
On la croit un fléau déchaîné sur le monde,
Ou la messagère des cieux !