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Pour l’affreux Nicolas, l’ignoble Calebasse,
L’indigne Séraphin, la mère au cœur de glace,
Fleuve, ouvre ton abîme ! Il est sourd à ma voix ;
Il nous prend cet objet que notre cœur adore !
Ô ciel !… Mais, sur le flot qui déjà la dévore,
Est-ce un fantôme que je vois ?

Est-ce un héros de meurtre ou de piraterie,
Ou l’ange de la mort qui vient chercher Marie ?
La Louve comme un Dieu, bravant les flots jaloux,
La dispute au trépas ! La Louve ! oh ! oui, je t’aime !
Ici de ton passé tu reçois le baptême ;
Je me prosterne à tes genoux !

Ravive son beau front qui bleuit et s’incline ;
Verse en elle l’ardeur de ta mâle poitrine :
Elle a guéri ton âme, acquitte ses bienfaits.
Bonne Louve ! retiens sa fugitive haleine ;
Puis à ce Dieu plus fort que toute force humaine,
Offre tes pleurs et tes souhaits.

Épuise les efforts, les larmes, la tendresse ;
Mais écoute ! on t’appelle, on se meurt ; l’heure presse :
Cours ! De ton bras nerveux, de ton ongle rongeur,
Pour sauver ton amant, romps le fer et la pierre ;
Puis vole dénoncer à la nature entière
L’île atroce du Ravageur !