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Cette nuit où l’autan pleure dans le feuillage,
Où l’ombre de vos morts se dresse sur la plage,
Où de vous l’éternel est prêt à se venger,
Martial, vils amants de vice, de rapine,
Votre tendre François, votre pure Amandine,
Oseriez-vous les égorger ?

Mère atroce, ton fils, qui ne l’est point par l’âme,
S’éteindra-t-il cloué dans cette chambre infâme ?
Oh ! pitié ! que tes sens se laissent émouvoir !
Pitié pour cette faim, pour ces mains déchirées,
Pour ces mornes élans, pour ces plaintes murées,
Pour ce lugubre désespoir !

Irons-nous de Micou visiter le repaire ?
Là se groupent encor la fraude, la misère !
De Fermont, avec vous je me sens dépérir !
Pauvre enfant ! pauvre mère ! innocentes victimes
De l’horrible Ferrand ! le Dieu vengeur des crimes
Pourrait-il vous laisser mourir ?

Quoi ! pour un Saint-Remy, quoi ! dédaigneuse femme,
Tu ravales ton nom, tu dégrades ton âme !
D’où te vient, Lucenay, cette coupable ardeur ?
Vois comme à tes attraits notre cœur est rebelle !
Est-ce que l’on est bonne, est-ce que l’on est belle
Hors des sentiers de la pudeur ?