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Loin d’acheter si cher une vaine allégresse,
De notre superflu nourrissons la détresse.
Oui, les afflictions que l’on peut soulager
Répandent sur le cœur une ivresse plus pure
Que le stérile éclat d’une vaine parure,
Qu’un hommage trop passager.

Rodolphe, sois béni pour tes bienfaits sans nombre !
Rigolette, pour toi que le ciel n’ait point d’ombre !
Mais pourquoi ce baiser qui rompt entre nos mains
Une divine erreur ?… Rodolphe, ce messie
De tant d’infortunés, faut-il qu’il s’associe
À la faiblesse des humains !

Anges de charité, vite, volez au Temple !
Pour la famille en proie à des maux sans exemple,
Vite, des vêtements, du pain, de la chaleur !
Tous deux, pour la sauver, rivalisez de zèle,
Et que chacun des pas que vous ferez pour elle
Vous soit un pas vers le bonheur !

D’où nous viennent encor ces étranges visages,
Altérés de complots, affamés de ravages ?
Que de monstres divers le poète combat !
Sous nos yeux étonnés quelle foule il rassemble !
Pour contenir ce monde il faudrait, ce me semble,
Tout le vallon de Josaphat.