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Auprès de toi sait-on ce que le cœur éprouve ?
Dans l’abîme on se perd, au ciel on se retrouve ;
Tour à tour on maudit, on reprend son essor :
On ressemble à l’enfant consterné d’épouvante
Qui veut rompre le fil d’une histoire sanglante,
Et qui la redemande encor.

À ta muse divine, à ton génie étrange,
On te croit un démon, on te prend pour un ange,
Pour l’apôtre du vrai, pour l’esprit des erreurs.
Tu prêtes mille appas aux plus bizarres choses ;
Tu sèmes des gazons, des parfums et des roses
Dans un réceptacle d’horreurs !

Avec toi l’on dirait qu’on gagne le délire,
Qu’on frémit de bonheur, ou bien de Déjanire
Il semble qu’on revêt la tunique de feu.
Par toi, ce que l’on hait, il faut soudain qu’on l’aime
Il faut en souriant embrasser ton système,
Et du vice se faire un Dieu !

C’en est fait : sous ton joug nous abaissons nos têtes ;
En foule nous courons à tes sanglantes fêtes ;
Pour la fange et le meurtre, oui, nous nous enflammons :
Oui, nous quittons les fleurs, les oiseaux, la vallée,
La brise, le soleil et la nuit étoilée
Pour le commerce des démons.