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Ferme le Cœur-Saignant, le bouge de l’Ogresse,
Où ton Maître d’école, où ta vile Borgnesse
Se repaissent de fange et préparent leurs coups ;
Chasse ton Chourineur à la vertu barbare,
Et même ta Goualeuse, ange déchu que pare
Un prestige encore si doux !

Détourne nos regards de cette rue aux Fèves,
De ces monstres si laids qu’on les prend pour des rêves ;
Déjà trop de tourments à nos cœurs sont offerts.
Quitte des réprouvés, quitte la horde immonde ;
Et pour que leur contact ne souille plus le monde,
Replonge-les dans les enfers !

Ô mon Dieu ! que j’ai peur dans ton lugubre empire !
Sous la main des brigands il semble que j’expire :
Puis des excès d’effroi viennent me ranimer ;
Et je crie au secours, au meurtre, à la vengeance,
Afin que le bourreau te prenne cette engeance
Que je ne sais comment nommer !

Mais dans nos sens troublés quel prodige s’opère !
Échapper à ton joug ! c’est en vain qu’on l’espère ;
Plus on cherche à te fuir, moins on peut te quitter.
Tout dangereux qu’il est, ton philtre nous enivre ;
Ton aspect nous fascine, et nous force à te suivre
Où ton charme nous veut porter.