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viner quel serait le sujet du lendemain, sans prévoir le but immense que vous vous étiez proposé, sans jamais songer à la publicité si flatteuse et si honorable qui m’était réservée.

Aujourd’hui je m’effraye de mon imprudence ; aujourd’hui je serais presque tentée de reculer devant vous, monsieur, et devant l’écueil de la critique. Reculer ! pour une femme de Beauvais, de cette fière cité de Jeanne Hachette, serait-ce possible ?

Enfin, monsieur, vous possédez toute l’indulgence de la supériorité, et je me rassure : j’ose même, auprès de vous, ne pas redouter la sévérité du monde. Oui, je sens que vous m’accueillerez, que vous me pardonnerez jusqu’aux irrévérences de ma brusque sauvagerie, jusqu’aux ronces dont j’ai parsemé les fleurs qui croissent sous vos pas. Oui, je me réjouis sans crainte de suivre encore votre course de géant, de me voir attachée à votre char de triomphe, et d’inscrire mon nom sous votre beau nom.