maison. En allant la visiter, j’ai eu souvent occasion de juger de l’adoration que ces pauvres créatures déshéritées ont pour la princesse Amélie. Chaque jour elle va passer quelques heures dans cet établissement, placé sous sa protection spéciale ; et, je vous le répète, mon enfant, ce n’est pas seulement du respect, de la reconnaissance, que les pensionnaires et les religieuses ressentent pour Son Altesse, c’est presque du fanatisme.
— Mais c’est un ange que la princesse Amélie — dis-je à ma tante.
— Un ange… oui, un ange — reprit-elle — car vous ne pouvez vous imaginer avec quelle attendrissante bonté elle traite ses protégées, de quelle pieuse sollicitude elle les entoure. Jamais je n’ai vu ménager avec plus de délicatesse la susceptibilité du malheur ; on dirait qu’une irrésistible sympathie attire surtout la princesse vers cette classe de pauvres abandonnées. Enfin, le croiriez-vous ? elle… fille d’un souverain, n’appelle jamais autrement ces jeunes filles que mes sœurs.