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entres au couvent, non-seulement je te perds à jamais… mais tu me quittes pour une vie de larmes et d’austérités… Eh bien ! te perdre… pour te perdre, qu’au moins je te sache heureuse et mariée à celui que tu aimes… et qui t’adore.

— Mariée avec lui… moi, mon père !…

— Oui… mais à la condition que, sitôt après votre mariage, contracté ici, la nuit, sans d’autres témoins que Murph pour toi et que le baron de Graün pour Henri, vous partirez tous deux pour aller dans quelque tranquille retraite de Suisse ou d’Italie vivre inconnus, en riches bourgeois. Maintenant, ma fille chérie, sais-tu pourquoi je me résigne à t’éloigner de moi ? sais-tu pourquoi je désire qu’Henri quitte son titre une fois hors de l’Allemagne ? C’est que je suis sûr qu’au milieu d’un bonheur solitaire, concentrée dans une existence dépouillée de tout faste, peu à peu tu oublieras cet odieux passé, qui t’est surtout pénible parce qu’il contraste amèrement avec