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— Il est vrai, ma tante, son ironie est terrible, peu de personnes échappent à ses mordantes plaisanteries. À Vienne on la craignait comme le feu… La princesse Amélie aurait-elle trouvé grâce devant elle ?

— L’autre jour elle vint ici après avoir visité la maison d’asile placée sous la surveillance de la jeune princesse. — Savez-vous une chose ? — me dit cette redoutable archiduchesse avec sa brusque franchise — j’ai l’esprit singulièrement tourné à la satire, n’est-ce pas ? Eh bien ! si je vivais long-temps avec la fille du grand-duc, je deviendrais, j’en suis sûre, inoffensive… tant sa bonté est pénétrante et contagieuse.

— Mais c’est donc une enchanteresse que ma cousine ? — dis-je à ma tante en souriant.

— Son plus puissant attrait, à mes yeux du moins — reprit ma tante — est ce mélange de douceur, de modestie et de dignité dont je vous ai parlé, et qui donne à son visage angélique l’expression la plus touchante.