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mes tortures lorsque le prince Henri me prodiguait les louanges les plus délicates… m’entourait d’une adoration candide et pieuse, mettant, disait-il, l’attachement fraternel qu’il ressentait pour moi sous la sainte protection de sa mère, qu’il avait perdue bien jeune. Du moins ce doux nom de sœur qu’il me donnait, je tâchais de le mériter, en conseillant mon cousin sur son avenir, selon mes faibles lumières, en m’intéressant à tout ce qui le touchait, en me promettant de toujours vous demander pour lui votre bienveillant appui… Mais souvent aussi, que de tourments, que de pleurs dévorés, lorsque par hasard le prince Henri m’interrogeait sur mon enfance, sur ma première jeunesse… Oh ! tromper… toujours tromper… toujours craindre… toujours mentir, toujours trembler devant le regard de celui qu’on aime et qu’on respecte, comme le criminel tremble devant le regard inexorable de son juge !… Oh ! mon père, j’étais coupable, je le sais, je n’avais pas le droit d’aimer ; mais j’expiais ce triste amour par bien des douleurs… Que vous dirai-je ?