Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vue de l’ogresse, je ressentis un froid mortel ; il me sembla que sous son regard mon cœur, jusqu’alors rayonnant de bonheur et d’espoir, se glaçait tout à coup. Oui, rencontrer cette femme au moment même où le Chourineur mourait en disant : Le ciel est juste !… cela me parut un blâme providentiel de mon orgueilleux oubli du passé, que je devais expier à force d’humiliation et de repentir.

— Mais le passé on te l’a imposé, tu n’en peux répondre devant Dieu !

— Vous avez été contrainte… enivrée… malheureuse enfant.

— Une fois précipitée malgré toi dans cet abîme, tu ne pouvais plus en sortir, malgré tes remords, ton épouvante et ton désespoir, grâce à l’atroce indifférence de cette société dont tu étais victime… Tu te voyais à jamais enchaînée dans cet antre ; il a fallu, pour t’en arracher, le hasard qui t’a placée sur mon chemin.