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— Oh ! oui, allez… Eh bien ! dans les premiers temps que j’étais au pré, toutes les nuits je l’avais… ce rêve-là… Voyez-vous… c’était à en devenir fou ou enragé… Aussi deux fois j’ai essayé de me tuer, une fois en avalant du vert-de-gris, l’autre fois en voulant m’étrangler avec une chaîne ; mais je suis fort comme un taureau. Le vert-de-gris m’a donné soif, voilà tout… Quant au tour de chaîne que je m’étais passé au cou, ça m’a fait une cravate bleue naturelle. Après cela l’habitude de vivre a repris le dessus, mes cauchemars sont devenus plus rares, et j’ai fait comme les autres.

— Tu étais à bonne école pour apprendre à voler.

— Oui, mais le goût n’y était pas… Les autres fagots[1] me blaguaient là-dessus, mais je les assommais à coups de chaîne. C’est comme ça que j’ai connu le Maître d’école… Mais pour celui-là… respect aux poignets ! il m’a donné ma paye comme vous me l’avez donnée tout à l’heure.

— C’est donc un forçat libéré ?

  1. Forçats.